Je vois souvent en séances des personnes qui s’excusent lorsqu’elles ont une émotion. C’est malheureusement une des normes dans notre société : s’excuser quand on est ému.
Pourtant, nos émotions sont très utiles ; elles arrivent comme un messager, nous renseignant sur le niveau de satisfaction d’un de nos besoins. Les écouter sincèrement en prenant soin du besoin à leur source est comme ouvrir bien grand la voile de son bateau pour pouvoir avancer, progresser, grandir…
Comme un ballon qu’on maintient sous l’eau, les émotions contenues, réprimées, censurées, risquent, tôt ou tard, de nous atterrir violemment dans le nez. Ou ailleurs…
Aussi, je crois (j’expérimente) qu’il est salutaire, délivrant, d’accepter tout simplement de se laisser traverser, en conscience, par la vague émotionnelle présente, ou de lui dire : « Attends un peu, là tout de suite c’est pas super adapté, je m’occupe de toi dès que possible ».
L’émotion se déplace rarement sans sa partenaire la sensation ; elles forment une paire de repères, de guides intérieurs, étroitement associés. S’ouvrir en grand à cette sensation, la suivre. La laisser être. Pleinement. Trembler, pleurer, rire (aussi !) entièrement, permet à ta vie intérieure de circuler et de lâcher ce qui n’est plus utile à présent…
La traversée est, certes, plus ou moins agréable.
J’oublie un instant mes identifications et je m’imagine en bambou creux qui laisse couler le flux. Je ne suis pas mes émotions : elles me traversent. Elles peuvent passer à travers moi. Quand je le vis en conscience, je libère des paquets de mémoires enkystées et j’agrandis en moi l’espace accueillant la vie qui se renouvelle sans cesse.
Bons voyages !